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  Sur les processus linéaires de naissance et de mort dans un environnement aléatoire

                            J. Math. Biol. 69 (2014) 73-90

                                    Nicolas Bacaër

                      Institut de recherche pour le développement
                                     Bondy, France
                                 nicolas.bacaer@ird.fr

                                 Abdelkarim Ed-Darraz

         Université Cadi Ayyad, Département de mathématiques, Marrakech, Maroc

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    Résumé

   On étudie la probabilité d'extinction pour des processus linéaires de naissance
   et de mort à un ou plusieurs types dans un environnement évoluant suivant une
   chaîne de Markov. La probabilité d'extinction est presque sûrement égale à 1 si
   et seulement si la reproductivité est inférieure ou égale à 1. Le point clé est
   de trouver la définition convenable de la reproductivité pour que ce résultat
   soit vrai.

1.   Introduction

       Un article récent de Bacaër et Ait Dads (2012) étudie la probabilité
   d'extinction w pour un processus linéaire de naissance et de mort avec plusieurs
   types dans un environnement périodique. Dans ce cas w=1 si la reproductivité
   \(\,R_0\,\) (Dublin et Lotka, 1925) est inférieure ou égale à 1, tandis que w < 1
   si \(R_0 > 1\). L'emploi de la reproductivité est motivé par des applications en
   épidémiologie. La preuve utilise la technique standard basée sur l'équation aux
   dérivées partielles linéaire du premier ordre satisfaite par une fonction
   génératrice (Kendall, 1948). Pour les modèles périodiques de période T à un seul
   type, avec un taux de naissance \(a(t)\) et avec une mortalité \(b(t)\,\),
   \[R_0=\frac{\int_0^T a(t)\, dt}{\int_0^T b(t)\, dt}.\] La même reproductivité
   sert aussi de seuil pour les modèles de population périodiques sans stochasticité
   démographique (Bacaër et Guernaoui, 2006, Sect. 5).

       L'objectif ici est d'étudier les processus linéaires de naissance et de mort
   à plusieurs types dans un environnement aléatoire. Essayons de résumer la
   littérature sur ce sujet. Pour des modèles de population en temps discret dans un
   environnement aléatoire mais sans stochasticité démographique, l'espérance de la
   population peut croître à l'infini même si l'extinction se produit presque
   sûrement (Lewontin et Cohen, 1969). Voir aussi (Haccou et coll., 2005). Athreya
   et Karlin (1971) ont étudié les processus de branchement en temps discret dans un
   environnement aléatoire, à la fois dans le cas d'un seul type et celui de
   plusieurs types. Cogburn et Torrez (1981) ont étudié les processus linéaires de
   naissance et de mort à un seul type dans un environnement aléatoire. S'il y a un
   nombre fini d'environnements,
     * \(a_k\,\) est le taux de naissance
     * \(b_k\,\) est la mortalité
     * \(u_k\,\) est la proportion moyenne du temps passée dans l'environnement k.

   Leur corollaire 3.2 montre que w=1 si et seulement si \begin{equation}\tag{1}
   \sum_k (a_k-b_k)u_k\leq 0\, . \end{equation} Leur preuve est basée sur des
   résultats dus à (Kaplan, 1973).

       Britton et Lindholm (2009) ont étudié le même processus, avec un seul type
   d'individu, dans le cas particulier de deux environnements. Ils ont suggéré que
   w=1 si et seulement si \(\,R_\star\leq 1\,\), avec \[R_\star=m_1 m_2, \quad
   m_k=\int_0^\infty q_k\, e^{-q_k\tau} e^{(a_k-b_k)\tau}\, d\tau.\] \(q_k\,\) est
   la taux auquel l'environnement quitte l'état k. Ils ont aussi montré que
   \(\,R_\star\) avait la même position par rapport à 1 que le rayon spectral de la
   « matrice de prochaine génération » \begin{equation}\tag{2} \left
   (\begin{array}{cc} a_1 & 0\\ 0 & a_2 \end{array}\right ) \left (\begin{array}{cc}
   b_1+q_1 & -q_2\\ -q_1 & b_2+q_2 \end{array}\right )^{-1}. \end{equation} Ils ont
   appelé le rayon spectral de cette matrice \(\,R_0\).

       (Gray et coll., 2012) ont étudié un modèle de population en temps continu et
   environnement aléatoire mais sans stochasticité démographique. Ils ont remarqué
   que la position de \begin{equation}\tag{3} \frac{\sum_k a_k \, u_k}{\sum_k b_k\,
   u_k} \end{equation} par rapport à 1 sert de seuil pour l'extinction. Ils ont
   nommé ce nombre \(\,T_0\). Ils ont gardé la notation \(\,R_0\,\) pour le rayon
   spectral de (2). Remarquer que le seuil donné par (3) est le même que (1).

       Bacaër et Khaladi (2012) ont montré que (3) était le rayon spectral d'un
   opérateur « de prochaine géneration » en dimension infinie et ont suggéré de
   garder la notation \(\,R_0\,\). (Hernandez-Suarez et coll., 2012) et (Artalejo et
   coll., 2012) ont également abordé des problèmes reliés concernant la
   reproductivité. Comme on le verra ci-dessous, à part le problème des notations,
   (3) et \(\,R_\star\,\) (ou le rayon spectral de (2)) peuvent ne pas avoir la même
   position par rapport à 1.

       Dans la section 2, on présente deux preuves alternatives du résultat de
   Cogburn et Torrez (1981) pour les modèles à un seul type. La première preuve
   utilise une formule de Kendall (1948) pour la probabilité d'extinction dans un
   environnement variable. La seconde preuve ramène le problème en temps continu au
   cadre en temps discret d'Athreya et Karlin (1971). On discute aussi en détail un
   exemple simple avec juste deux environnements, qui espérons-le clarifiera les
   problèmes concernant la définition de la reproductivit&é mentionnés ci-dessus. La
   section 3 étudie la probabilité d'extinction pour des populations de plusieurs
   types dans un cadre avec temps continu. On réduit une nouvelle fois le problème
   au cas en temps discret d'Athreya et Karlin (1971). Ceci ne semble possible que
   pour un nombre fini d'environnements. Il se peut que l'approche suivant Kendall
   (1948) puisse aussi être généralisée au cas de plusieurs types en utilisant les
   résultats de (Chueshov, 2002) ou de (Benaïm et Schreiber, 2009), éventuellement
   sans la restriction d'un nombre fini d'environnements. On présente aussi des
   simulations numériques. La conclusion suggère d'autres possibilités de
   généralisation.

2.   Le modèle à un seul type

  2.1   La probabilité d'extinction

       Soit un processus linéaire de naissance et de mort à un seul type dans un
   environnement variable. \(a(t)\,\) est le taux de naissance et \(b(t)\) la
   mortalité au temps t. On suppose \(a(t)=a_{\theta(t)}\) et
   \(b(t)=b_{\theta(t)}\). \(\,\theta(t)\) est un processus stochastique à valeurs
   dans \(\{1,2,\ldots,K\}\), qui représentent différents environnements. On suppose
   \(a_k > 0\) et \(b_k > 0\,\) pour tout k. On suppose que les basculements entre
   les environnements suivent une chaîne de Markov homogène en temps continu.
   \(Q_{k,\ell}\geq 0\,\) est le taux auquel l'environnement bascule de \(\ell\,\)
   vers k (\(k\neq \ell\)). Q est la matrice correspondante avec
   \[Q_{\ell,\ell}=-q_\ell,\quad q_\ell=\sum_{k\neq \ell} Q_{k,\ell}.\] On suppose
   que la matrice Q est irréductible. On a donc \(\,q_k > 0\,\) pour tout k. Par
   conséquent, il existe une unique distribution de probabilités stationnaire et
   strictement positive u avec \[Qu=0,\quad \sum_k u_k=1, \quad u_k > 0\quad \forall
   \, k\] (Pardoux, 2008, p. 147). \(R_0\,\) est donné par la formule (3). Soit w la
   probabilité d'extinction partant d'un individu au temps 0 dans l'environnement
   \(\,k_0\). La proposition suivante, bien qu'un cas spécial des résultats de
   Cogburn et Torrez (1981), sera démontrée d'une manière un peu plus simple et de
   deux façons différentes.

       Proposition 1.
     * w=1 presque sûrement si \(\,R_0\leq 1\),
     * w < 1 presque sûrement si \(\,R_0 > 1\).

       Preuve. On sait d'après (Kendall, 1948, équation (18)) que
   \begin{equation}\tag{4} \omega=1-\frac{1}{1+\int_{0}^\infty b(s)\, \exp \bigl
   [\int_{0}^s (b(v)-a(v))\, dv\bigr ]\, ds}\, , \end{equation} que l'intégrale au
   dénominateur soit finie ou infinie. D'après le théorème ergodique (Pardoux, 2008,
   p. 150), \[\lim_{s\to +\infty} \frac{1}{s} \int_{0}^s (b(v)-a(v))\, dv = \sum_k
   (b_k-a_k)\, u_k \] presque sûrement. Dans le cas \(\,R_0 < 1\,\), on a \(\,\sum_k
   (b_k-a_k)\, u_k > 0\,\) et l'intégrale au dénominateur de (4) diverge. On a donc
   w=1. Dans le cas \(\,R_0 > 1\,\), on a \(\,\sum_k (b_k-a_k)\, u_k < 0\,\) et
   l'intégrale au dénominateur de (4) converge. On a donc w < 1.

       On n'a pas considéré le cas critique \(R_0=1\). Cependant, voici une seconde
   preuve de la proposition 1, qui couvre aussi le cas critique.

       Preuve. Le processus en temps continu à K états est lié à une chaîne de
   Markov en temps discret, dont l'espace d'états est
   \[\mathcal{X}=\{1,2,\ldots,K\}\times \mathbb{R}_+.\] Chaque pas de temps
   correspond au temps entre deux basculements de l'environnement. Au lieu de dire
   par exemple que l'environnement est dans l'état k pendant t unités de temps puis
   dans l'état \(k'\) pendant \(t'\) unités de temps (avec \(k'\neq k\)), on dit
   qu'il y a la transition suivante \[(k,t)\in \mathcal{X}\longrightarrow (k',t')\in
   \mathcal{X}.\] La probabilité pour que l'environnement \(\,k'\,\) suive
   l'environnement k est donnée par \[\Pi_{k',k}=\left \{\begin{array}{lll}
   \frac{Q_{k',k}}{q_k},& &k'\neq k,\\ 0, & &k'= k. \end{array}\right.\]
   L'environnement \(k'\) dure entre \(t'\) et \(t'+dt'\) unités de temps (\(dt'\)
   infiniment petit) avec une probabilité \(q_{k'}\, e^{-q_{k'}t'}\, dt'\). La
   probabilité pour que l'environnement \(\,k'\,\) dure entre \(t'\) et \(t'+dt'\,\)
   unités de temps et suive l'environnement k qui a duré t unités de temps, est
   \[P_{(k,t)\to(k',t')}\, dt' = \Pi_{k',k} \ q_{k'}\, e^{-q_{k'}t'}\, dt'\, .\] On
   a \[\int_0^\infty \sum_{k'} P_{(k,t)\to(k',t')} dt'=1\, .\] Plus généralement,
   pour \(z\in \{1,2,\ldots\}\,\), la probabilité de transition en z étapes est
   donnée par \[P^{(z)}_{(k,t)\to(k',t')}\, dt' = (\Pi^z)_{k',k} \ q_{k'}\,
   e^{-q_{k'}t'}\, dt'\, .\] \(\Pi^z\) est la produit itéré de la matrice
   \(\Pi=(\Pi_{k',k})\). \(Qu=0\) est équivalent à \[\sum_{k\neq k'} Q_{k',k}
   u_k=q_{k'} u_{k'},\quad \forall k'.\] Avec \begin{equation}\tag{5}
   w_{k,t}=\frac{q_k u_k}{\sum_\ell q_\ell u_\ell}\, q_k\, e^{-q_k t} \end{equation}
   on a donc \[ \sum_k \int_0^\infty w_{k,t}\, dt =1,\quad \quad \sum_k
   \int_0^\infty w_{k,t}\, P_{(k,t)\to(k',t')} \, dt = w_{k',t'},\quad \forall
   (k',t')\in \mathcal{X}.\] \((w_{k,t})\) est donc une distribution de probabilités
   stationnaire et la chaîne de Markov dans \(\,\mathcal{X}\,\) est récurrente
   positive (Meyn et Tweedie, 1993). Athreya et Karlin (1971) mentionnent dans une
   remarque suivant leur théorème 4 que leurs résultats restent valables non
   seulement pour les chaînes de Markov irréductibles récurrentes positives sur un
   espace d'états dénombrable mais aussi pour un processus stationnaire ergodique
   sur un espace d'états général (non dénombrable) tel que \(\,\mathcal{X}\).

       Entre les basculements de l'environnement, on a un processus linéaire de
   naissance et de mort dans un environnement constant. Dans un environnement k
   durant t unités de temps, soit \(\,\phi_{k,t}(x)\) la fonction génératrice de la
   population au bout de l'intervalle de temps, partant d'un individu au début de
   cet intervalle de temps: \[\phi_{k,t}(x)=\frac{b_k(1-x) e^{t(a_k-b_k)} + a_k
   x-b_k}{a_k(1-x) e^{t(a_k-b_k)}+a_k x-b_k}\] si \(a_k\neq b_k\) tandis que
   \[\phi_{k,t}(x)=\frac{x+(1-x)a_k t}{1+(1-x) a_k t}\] si \(a_k=b_k\,\) (Hillion,
   1986, p. 118). L'espérance de la population au bout de l'intervalle de temps est
   égale à \[\phi_{k,t}'(1)=e^{(a_k-b_k)t}.\] La probabilité que la population soit
   éteinte au bout de l'intervalle de temps est
   \[\phi_{k,t}(0)=\frac{1-e^{(a_k-b_k)t}}{1-e^{(a_k-b_k)t}\, a_k/b_k}\, \] si
   \(a_k\neq b_k\,\), tandis que \(\phi_{k,t}(0)=a_k\, t/(1+a_k\, t)\) si
   \(a_k=b_k\). Avec \(\,a_k < b_k\,\), on a \[1-\phi_{k,t}(0)\sim_{t\to +\infty}
   (1-a_k/b_k)\, e^{(a_k-b_k)t}.\] Avec \(a_k=b_k\,\), on a
   \[1-\phi_{k,t}(0)\sim_{t\to +\infty} 1/(a_k\, t).\] Donc on peut facilement
   vérifier que \begin{align*} &\mathbb{E}(|\log (1-\phi(0))|)=\sum_k \int_0^\infty
   w_{k,t} | \log (1- \phi_{k,t}(0)) | \, dt < +\infty\, ,\\ &\mathbb{E}([\log
   \phi'(1)]^+)=\sum_k \int_0^\infty w_{k,t} [ \log \phi_{k,t}'(1)]^+ \, dt <
   +\infty\, , \end{align*} à cause de la décroissance exponentielle de
   \(w_{k,t}\,\) par rapport à t. Avec (Athreya et Karlin, 1971), on conclut que w=1
   si et seulement si \[ \mathbb{E}(\log \phi'(1)) = \sum_k \int_0^\infty w_{k,t}
   \log \phi'_{k,t}(1)\, dt \leq 0.\] Avec \(\int_0^\infty t\, e^{-q_kt}\, dt =
   1/(q_k)^2\), on obtient \[\mathbb{E}(\log \phi'(1)) = \sum_k \int_0^\infty
   \frac{q_k u_k}{\sum_\ell q_\ell u_\ell}\, q_k\, e^{-q_k t} [(a_k-b_k)t]\,
   dt=\frac{\sum_k (a_k-b_k)u_k}{\sum_\ell q_\ell u_\ell}\, .\] Donc w=1 si et
   seulement si \(R_0\leq 1\).

  2.2   Un exemple et quelques remarques

       Comme dans l'exemple de Britton et Lindholm (2009, section 3), on suppose
   qu'il y a deux environnements:
     * \(a_1= \mbox{2,7}\) et \(b_1=2\)
     * \(a_2=\mbox{0,8}\) et \(b_2=2\).

   On définit \[Q=\left (\begin{array}{cc} -q_1 & q_2\\ q_1 & -q_2 \end{array}\right
   )\] avec \(q_1=q_2=1\). On a alors \(\,u_1=q_2/(q_1+q_2)=\mbox{0,5}\),
   \(u_2=q_1/(q_1+q_2)=\mbox{0,5}\) et \(R_0= \mbox{0,875} < 1\). On a donc
   \(\,\omega=1\). Des simulations numériques tendent à confirmer cette conclusion
   (figure 1a). [2014JMB2Figure1a.png] [2014JMB2Figure1b.png] Figure 1. À gauche :
   100 simulations de la population en fonction du temps t dans le cas où \(a_1=
   \mbox{2,7}\,\), en partant d'un individu dans l'environnement 1. Toutes les
   simulations conduisent à l'extinction. À droite : en partant d'un individu dans
   l'environnement 1 mais avec \(a_1=\mbox{5,4}\,\). On a simulé 1000 histoires pour
   l'environnement et calculé la probabilité d'extinction w par la formule (4). La
   figure montre un histogramme des valeurs de w (\(0\leq \omega\leq 1\)).

       Comme autre exemple, considérons les mêmes valeurs des paramètres sauf que
   \(a_1\) est doublé: \(a_1=\mbox{5,4}\). Dans ce cas on a \(R_0= \mbox{1,55} >
   1\). La figure 1b montre un histogramme de la probabilité d'extinction w en
   partant d'une personne dans l'environnement 1. La moyenne de la probabilité
   d'extinction est environ 0,61. Cette moyenne serait 0,85 en partant de
   l'environnement 2. L'histogramme a été obtenu en approchant la chaîne de Markov
   en temps continu, qui gouverne l'environnement \(\,(0 < t < 100)\,\), par une
   chaîne de Markov en temps discret avec un pas de temps \(\,\varepsilon=0,00005\).
   L'ordinateur choisit aléatoirement 1000 réalisations de cette chaîne de Markov,
   formant 1000 histoires environnementales. La formule (4) pour w est ensuite
   estimée numériquement. Avec \(\,b_1=b_2\), \(a_2\leq a_1\) et \(a_1\geq b_1\,\),
   on s'aperçoit facilement avec (4) que \(\omega \geq b_1/a_1\). Cette borne
   inférieure correspond à la probabilité d'extinction si l'environnement est
   toujours 1. Avec les valeurs numériques ci-dessus, on obtient \(\omega\geq 2/
   \mbox{5,4} \simeq \mbox{0,37}\,\), en accord avec la figure 1b.

       Sous-criticalité du modèle discrétisé. Pour dessiner la figure 1, on a
   discrétisé le processus en temps continu en utilisant un pas de temps e>0. Pour
   simplifier, supposons comme dans l'exemple qu'il n'y ait que K=2 environnements.
   La matrice de transition de la chaîne de Markov en temps discret est
   \[\mathcal{P}=\left (\begin{array}{cc} 1-q_1\varepsilon & q_2\varepsilon \\
   q_1\varepsilon & 1-q_2\varepsilon \end{array}\right ).\] Sa distribution
   stationnaire \(\varpi\) est telle que \(\mathcal{P}\varpi=\varpi\) avec
   \(\sum\varpi_k=1\). On obtient \(\,\varpi_1=q_2/(q_1+q_2)\) et
   \(\varpi_2=q_1/(q_1+q_2)\), qui sont indépendants de e et coïncident avec les
   distributions stationnaires \(u_1\) et \(u_2\,\) du processus en temps continu.
   Si l'environnement est de type k (\(k=1\) ou 2), on a supposé que pendant un pas
   de temps chaque individu a une probabilité de donner naissance \(a_k\varepsilon\)
   et une probabilité de mourir \(b_k\varepsilon\). Au pas de temps suivant, chaque
   individu conduit
     * à aucun individu avec une probabilité \((1-a_k\varepsilon)b_k\varepsilon\)
       [pas de naissance, une mort],
     * à 1 individu avec une probabilité
       \((1-a_k\varepsilon)(1-b_k\varepsilon)+a_k\varepsilon b_k\varepsilon\) [soit
       pas de naissance et pas de mort, soit une naissance et une mort],
     * à 2 individus avec une probabilité \(a_k\varepsilon (1-b_k\varepsilon)\) [une
       naissance, pas de mort].

   La moyenne de cette distribution est \(1+a_k\varepsilon-b_k\varepsilon\). Donc
   suivant la théorie des processus de branchement en temps discret en environnement
   aléatoire (Athreya et Karlin, 1971), le processus est sous-critique et conduit à
   l'extinction presque sûrement si et seulement si \[T(\varepsilon)=\sum_k \varpi_k
   \log (1+(a_k-b_k)\varepsilon)\leq 0.\] Rappelons que \(\,\varpi_k=u_k\). On a
   \[T(\varepsilon)\mathop{\sim}_{\varepsilon\to 0} \varepsilon \sum_k u_k
   (a_k-b_k).\] Cette expression a le même signe que \(\,R_0-1\).

       Une autre manière d'utiliser les résultats d'Athreya et Karlin. Une autre
   manière de voir cet exemple avec seulement deux environnements est de le
   considérer comme un processus de branchement dans une suite « d'environnements »
   aléatoires indépendants et identiquement distribués. En effet la séquence
   d'environnements \(\,1\to 2\,\) se répète à l'identique, le temps passé dans
   chaque environnement étant aléatoire. La probabilité pour que l'environnement k
   (\(k=1\) ou 2) dure entre \(t_k\) et \(t_k+dt_k\) unités de temps est \(q_k\,
   e^{-q_k t_k}\, dt_k\). Ces probabilités sont indépendantes. Le nouvel espace des
   « environnements » est donc \(\{(t_1,t_2)\in (\mathbb{R}_+)^2\}\). Si chaque
   environnement dure \(\,t_k\) unités de temps, alors la croissance moyenne durant
   une séquence est \[\mathcal{M}=e^{(a_1-b_1)t_1} e^{(a_2-b_2)t_2}.\] La théorie
   des processus de branchement dans les environnements indépendants et
   identiquement distribués (Athreya et Karlin, 1971) montre que \(\,\omega=1\) si
   et seulement si \[\mathbb{E}(\log \mathcal{M}) = \int_0^\infty \!\!\int_0^\infty
   q_1\, e^{-q_1 t_1} q_2\, e^{-q_2 t_2} \log \left ( e^{(a_1-b_1)t_1}
   e^{(a_2-b_2)t_2} \right ) dt_1\, dt_2 \leq 0.\] Mais on voit que \begin{align*}
   \mathbb{E}(\log \mathcal{M}) &= \int_0^\infty \!\!\int_0^\infty q_1\, e^{-q_1
   t_1} q_2\, e^{-q_2 t_2} \bigl [(a_1-b_1)t_1+(a_2-b_2)t_2 \bigr ] dt_1\, dt_2\\ &=
   \int_0^\infty q_1\, e^{-q_1 t_1} (a_1-b_1)t_1\, dt_1 + \int_0^\infty q_2\,
   e^{-q_2 t_2} (a_2-b_2)t_2\, dt_2. \end{align*} On a donc \[ \mathbb{E}(\log
   \mathcal{M}) =\frac{(a_1-b_1)q_2+(a_2-b_2)q_1}{q_1 q_2}\, .\] Le signe de cette
   quantité est le même que celui de \(R_0-1\). Il y a extinction presque sûrement
   si et seulement si \(\,R_0\leq 1\).

       Une autre manière de calculer la probabilité d'extinction. \(\,p_{k,n}(t)\,\)
   est la probabilité que la population soit dans l'environnement k au temps t avec
   n individus. Le processus est considéré comme une chaîne de Markov homogène en
   temps continu. L'espace d'états est \(\,\{1,2,\ldots,K\}\times \mathbb{N}\).
   Comme dans l'équation (2) de (Yechiali, 1973), on obtient \begin{align}
   \frac{dp_{k,n}}{dt} =& -(a_k+b_k)n \,p_{k,n} + b_k (n+1) p_{k,n+1} + a_k (n-1)
   p_{k,n-1} \nonumber\\ &+ \sum_{\ell\neq k} \left (Q_{k,\ell} p_{\ell,n} -
   Q_{\ell,k} p_{k,n} \right )\, . \tag{6} \end{align} Considérons la chaîne de
   Markov induite en temps discret, obtenue en ne considérant que les sauts du
   processus en temps continu :
     * \(a_k n /(a_k n + b_k n +q_k)\) est la probabilité de la transition \((k,n)
       \to (k,n+1)\),
     * \(b_k n /(a_k n + b_k n +q_k)\) est la probabilité de la transition \((k,n)
       \to (k,n-1)\)
     * \(Q_{\ell,k} /(a_k n + b_k n +q_k)\) est la probabilité de la transition
       \((k,n) \to (\ell,n)\) si \(\ell\neq k\).

   On range les couples \((k,n)\) dans l'ordre suivant : \[(1,0), \ldots, (K,0),
   (1,1), \ldots, (K,1),\] etc. On définit
     * \(\pi_{k,n}(j)\,\) la probabilité que le système soit après j transitions
       dans la position \((k,n)\)
     * \(\pi(j)=(\pi_{k,n}(j))\) le vecteur formé de ces probabilités, avec les
       indices \((k,n)\) rangés comme ci-dessus
     * \(\delta_{k,\ell}=1\) si \(k=\ell\) et \(\delta_{k,\ell}=0\) si \(k\neq
       \ell\). \(\delta_{k,\ell}\) est le symbole de Kronecker.

   Pour tout n (avec n>=0 ou n>=1) et tout \(1\leq k,\ell\leq K\), on définit
   \[L_{k,\ell}^{(n)} = \frac{(n-1)a_\ell\,
   \delta_{k,\ell}}{(n-1)(a_\ell+b_\ell)+q_\ell},\quad M^{(n)}_{k,\ell} =
   \frac{Q_{k,\ell} (1-\delta_{k,\ell})}{n(a_\ell+b_\ell)+q_\ell},\]
   \[N_{k,\ell}^{(n)} = \frac{(n+1)b_\ell\,
   \delta_{k,\ell}}{(n+1)(a_{\ell}+b_{\ell})+q_\ell}\, .\] On a alors
   \[\pi_{k,n}(j+1)=L_{k,k}^{(n)} \pi_{k,n-1}(j) + \sum_{\ell\neq k}
   M_{k,\ell}^{(n)} \pi_{\ell,n}(j) + N_{k,k}^{(n)} \pi_{k,n+1}(j)\, .\] On a donc
   \[\pi(j+1)=H \pi(j),\] où la matrice H a la structure triangulaire par blocs
   \[H=\left (\begin{array}{cccc} M^{(0)} & N^{(0)} & 0 & \cdots\\ L^{(1)} & M^{(1)}
   & N^{(1)} & \ddots \\ 0 & L^{(2)} & M^{(2)} & \ddots \\ \vdots & \ddots & \ddots
   & \ddots \end{array}\right ),\] comme dans l'équation (1.1) de (Gaver et coll.,
   1984). Remarquer au passage que \(L^{(1)}=0\). On a \[\pi(j)=H^j \pi(0) \quad
   \forall \, j\geq 0.\] L'ensemble des positions \((k,n)\,\) avec n=0 est un
   sous-ensemble absorbant. Donc la probabilité d'extinction \(\,\Omega_{k,n}\,\),
   en partant de n personnes dans l'environnement k, est la plus petite solution du
   système \[\Omega=\Omega H,\quad \Omega_{k,0}=1\ \forall k,\] où W* est le vecteur
   ligne \((\Omega_{k,n})\,\) avec des indices ordonnés comme avant (Bouleau, 1988,
   p. 76). Plus explicitement, on a \[\Omega_{k,n}= \frac{\Omega_{k,n-1} n
   b_k}{n(a_k+b_k)+q_k} + \sum_{\ell\neq k} \frac{\Omega_{\ell,n}
   Q_{\ell,k}}{n(a_k+b_k)+q_k}+\frac{\Omega_{k,n+1} n a_k}{n(a_k+b_k)+q_k}\, .\]
   C'est équivalent à l'équation (4.1) de Cogburn et Torrez (1981). \(\Omega\) peut
   être calculé numériquement en tronquant les matrices à un ordre suffisamment
   grand et en prenant la limite quand \(i\to +\infty\) de \(\Omega^{(i)}\) avec
   \(\Omega^{(i+1)}=\Omega^{(i)} H\) et \(\Omega_{k,n}^{(0)}=\delta_{n,0}\) pour
   tout k et tout \(n\). Pour les exemples numériques, on a tronqué à n=500 et itéré
   jusqu'à i=20000. Avec \(a_1= \mbox{2,7}\) on obtient \(\Omega_{1,1}\simeq
   \Omega_{2,1}\simeq \mbox{1,0}\). Avec \(\,a_1= \mbox{5,4}\) on obtient
   \(\Omega_{1,1}\simeq \mbox{0,61}\) et \(\Omega_{2,1}\simeq\mbox{0,84}\,\), en
   accord très proche avec la probabilité moyenne d'extinction calculée auparavant.

  2.3   Lien avec l'espérance de la population

       \(p(t,n)\,\) est la probabilité que la population soit de taille n au temps
   t. Le seuil pour w est le même que pour l'espérance de la population
   \[\mathcal{E}(t)=\sum_{n\geq 1} n\, p(t,n)\] pour une histoire environnementale
   choisie au hasard. En effet, \[\frac{d\mathcal{E}}{dt} =
   (a(t)-b(t))\mathcal{E}(t).\] Presque sûrement, on a \[\frac{1}{t} \log
   \mathcal{E}(t)\mathop{\longrightarrow}_{t\to +\infty}
   (a_1-b_1)u_1+(a_2-b_2)u_2.\] Cette limite a le même signe que \(\,R_0-1\).

       Une autre manière de voir cela est de considérer la suite d'environnements
   \[1\to 2\to 1\to 2\cdots\] \(\,\tau_n^{(k)}\,\) est la durée aléatoire passée
   dans l'environnement k (k=1 ou 2) lors du cycle n (n>=1). En d'autres termes,
   l'environnement est
     * dans l'état 1 pendant \(\tau_1^{(1)}\) unités de temps,
     * puis dans l'état 2 pendant \(\tau_1^{(2)}\) unités de temps,
     * puis dans l'état 1 pendant \(\tau_2^{(1)}\) unités de temps, etc.

   Après N périodes \(\,1\to 2\,\), l'espérance de la population engendrée par un
   individu est \[M_N = \exp \left (\sum_{n=1}^N (a_1-b_1) \tau_n^{(1)} + (a_2-b_2)
   \tau_n^{(2)} \right ).\] On a donc \begin{align*} \frac{\log M_N}{N} &= (a_1-b_1)
   \frac{\sum_{n=1}^N \tau_n^{(1)}}{N}+(a_2-b_2) \frac{\sum_{n=1}^N
   \tau_n^{(2)}}{N}\\ &\mathop{\longrightarrow}_{N\to +\infty}
   \frac{a_1-b_1}{q_1}+\frac{a_2-b_2}{q_2}=\frac{(a_1-b_1)q_2+(a_2-b_2)q_1}{q_1q_2}\
   , . \end{align*} La limite a le même signe que \(R_0-1\) parce que
   \(u_1=q_2/(q_1+q_2)\) et \(u_2=q_1/(q_1+q_2)\). On a donc \(\,M_N\to 0\) si \(R_0
   < 1\) et \(\,M_N\to +\infty\) si \(R_0 > 1\).

       Noter cependant que ces remarques ne sont pas directement liées à la
   proposition 1 car elle donne des informations sur l'espérance de la population et
   non sur la probabilité que cette population s'éteigne. En réalité, pour des
   processus de branchement en temps discret dans un environnement aléatoire, la
   population peut très bien être sous-critique et tendre vers l'extinction presque
   sûrement, même si l'espérance de la population converge vers l'infini (Haccou et
   coll., 2005, p. 51).

  2.4   Autres remarques

       Un autre paramètre lié à la croissance d'une espérance mathématique.

       (Gray et coll., 2012) ont montré que la position de (3) par rapport à 1 sert
   de seuil entre l'extinction et la persistance pour un modèle épidémique de type
   SIS constitué d'équations différentielles dans un environnement aléatoire. Il n'y
   a pas de stochasticité démographique. Gray et coll. (2012) utilisent pour (3) la
   notation \(\,T_0\). Britton et Lindholm (2009) utilisent la notation
   \(\tilde{R}_0\,\).

       Ces deux références utilisent la notation \(\,R_0\,\) pour un nombre
   différent, à savoir le rayon spectral de (2) dans le cas de deux environnements.
   Nommons-le \(R^*\,\) pour éviter la confusion. Dans le cas des modèles en temps
   discret, (Bacaër et Khaladi, 2012) nomme ce nombre \(\,R_*\). Comme expliqué
   ci-dessous, la position de ce nombre par rapport à 1 décide si une certaine
   espérance croît ou décroît. \(R^*\,\) s'obtient en général de la manière
   suivante. Pour un calcul informel dans le cas particulier K=2, voir la section 3
   de (Gray et coll., 2012). Considérons une fois encore la chaîne de Markov (6) en
   temps continu sur l'espace d'états \(\{1,2,\ldots,K\}\times \mathbb{N}\). On
   définit \[E_k(t)=\sum_{n\geq 1} n\, p_{k,n}(t).\] Alors on voit facilement que
   \[\frac{dE_k}{dt} = (a_k-b_k) E_k + \sum_{\ell\neq k} \left (Q_{k,\ell} E_{\ell}
   - Q_{\ell,k} E_{k} \right )\, .\] On définit
   \[A=\mathrm{diag}(a_1,\ldots,a_K),\quad B=\mathrm{diag}(b_1,\ldots,b_K)\] et
   \(E(t)=(E_1(t),\ldots,E_K(t))\), le vecteur des espérances. On a alors
   \[\frac{dE}{dt} = (A-B+Q)E.\] D'après (Diekmann et coll., 2013), le vecteur des
   espérances converge vers l'infini si et seulement si le rayon spectral \(R^*\) de
   \(A(B-Q)^{-1}\) est strictement supérieur à 1. Pour l'exemple numérique ci-dessus
   avec \(a_1= \mbox{2,7}\), on obtient \[R^*=\rho(A(B-Q)^{-1})=\rho \left (
   \begin{array}{cc} \frac{a_1(b_2+q_2)}{b_1b_2+q_1b_2+q_2b_1} & \frac{a_1
   q_2}{b_1b_2+q_1b_2+q_2b_1} \\ \frac{a_2 q_1}{b_1b_2+q_1b_2+q_2b_1} &
   \frac{a_2(b_1+q_1)}{b_1b_2+q_1b_2+q_2b_1} \end{array}\right ) \simeq \mbox{1,057}
   > 1.\] Rappelons dans ce cas que \(R_0= \mbox{0,875} < 1\,\) et w=1. Donc la
   position de \(\,R^*\) par rapport à 1 décide de la croissance de l'espérance mais
   ne donne pas le bon seuil pour l'extinction.

       Encore un autre paramètre. Comme déjà noté ci-dessus, la suite des
   environnements est périodique quand il n'y a que deux environnements possibles:
   \(\,1\to 2\to 1\to 2\cdots\). Si l'environnement est k, alors l'espérance de la
   population engendrée par un seul individu est \(\,e^{(a_k-b_k)t}\) après t unités
   de temps. L'environnement k dure entre t et \(\,t+dt\) unités de temps avec une
   probabilité \(q_k\, e^{-q_k t} dt\). Donc l'espérance de la population engendrée
   par un individu dans l'environnement k est \begin{equation} m_k=\int_0^\infty
   q_k\, e^{-q_k t} e^{(a_k-b_k)t} dt = \frac{q_k}{b_k+q_k-a_k} =
   \frac{1}{1-\frac{a_k-b_k}{q_k}}, \quad k\in \{1,2\} \end{equation} pourvu que
   \(b_k+q_k > a_k\). Cette condition est vérifiée si \(\,a_1=\mbox{2,7}\). On a
   \(\,b_1+q_1-a_1= \mbox{0,3}\) et \(b_2+q_2-a_2= \mbox{2,2}\). Noter que
   \(m_k=+\infty\) lorsque \(b_k+q_k\leq a_k\). On définit \(\,R_\star=m_1 m_2\) (à
   ne pas confondre avec le \(R^*\,\) de la précédente remarque). On a alors
   \(\,R_\star=1/ \mbox{0,66} \simeq \mbox{1,52} > 1\). Britton et Lindholm (2009,
   Section 3) ont suggéré que \(\,R_\star > 1\) était équivalent à \(\omega < 1\).
   Mais ici on a \(R_\star > 1\) tandis que \(\omega=1\). Donc on voit que la
   position de \(\,R_\star\,\) par rapport à 1 ne donne pas le bon seuil pour
   l'extinction. Si K=2, le §5.1 de Britton et Lindholm (2009) montre (avec nos
   notations) que \(R_\star > 1\) si et seulement si \(R^* > 1\).

3.   Les modèles à plusieurs types

       On étudie les processus linéaires de naissance et de mort &avec plusieurs
   types d'individus dans un environnement variable dans le temps.
   \(p(t,n_1,\ldots,n_m)\) est la probabilité d'avoir \(n_i\,\) personnes de type i
   au temps t (\(1\leq i\leq m\)). La fonction génératrice
   \[g(t,x_1,\ldots,x_m)=\sum_{n_1,\ldots,n_m\geq 0} p(t,n_1,\ldots,n_m)\
   x_1^{n_1}\ldots x_m^{n_m}\] est solution de l'équation \begin{equation}\tag{7}
   \frac{\partial g}{\partial t}=\sum_{i,j} \bigl [A_{i,j}(t) x_j -
   B_{i,j}(t)](x_i-1) \, \frac{\partial g}{\partial x_j} \end{equation} (Bacaër et
   Ait Dads, 2012). La matrice des naissances \(A(t)=(A_{i,j}(t))_{1\leq i,j\leq
   m}\,\) est à coefficients positifs ou nuls. La matrice des mortalités
   \(B(t)=(B_{i,j}(t))\) est de la forme \begin{equation}
   B_{i,j}(t)=-b_{i,j}(t)\quad \forall i\neq j,\quad
   B_{j,j}(t)=b_{j,j}(t)+\sum_{i\neq j} b_{i,j}(t)\quad \forall j,\quad
   b_{i,j}(t)\geq 0 \quad \forall i,j. \end{equation} On suppose que les matrices
   \((A(t),B(t))\) appartiennent à une liste finie d'environnements
   \(((A^{(k)},B^{(k)}))_{1\leq k\leq K}\), c'est-à-dire \(A(t)=A^{(\theta(t))}\) et
   \(B(t)=B^{(\theta(t))}\) avec \(\theta(t)\) un processus stochastique à valeurs
   dans \(\{1,2,\ldots,K\}\). On suppose encore une fois que les transitions entre
   les environnements suivent une chaîne de Markov homogène en temps continu.
   \(Q_{k,\ell}\) est le taux auquel l'environnement peut basculer de (\(\ell\to
   k\), \(k\neq \ell\)). Soit Q la matrice de transition correspondante avec
   \[Q_{\ell,\ell}=-q_\ell,\quad q_\ell=\sum_{k\neq \ell} Q_{k,\ell}.\] On suppose
   que la matrice Q soit irréductible. Par conséquent, il y a une unique
   distribution stationnaire u telle que \(\,Qu=0\) et \(\sum_k u_k=1\). Enfin on
   suppose que \(b_{j,j}^{(k)} > 0\,\) pour tout k et j. Cette hypothèse implique
   que le plus grand exposant de Lyapunov du système différentiel aléatoire
   \(\,dZ/dt = -B(t) Z(t)\) est strictement négatif.

       Au temps t=0, on suppose que
     * il y a \(\nu_i\,\) personnes de type i, avec \(\nu_i\in \mathbb{N}\)
     * \(\exists\, i,\ \nu_i > 0\).

   On a alors \begin{equation} g(0,x_1,\ldots,x_m)=x_1^{\nu_1}\cdots x_m^{\nu_m}.
   \end{equation} L'objectif est de calculer la probabilité d'extinction \[\omega=
   \lim_{t\to +\infty} p(t,0,\ldots,0) = \lim_{t\to +\infty} g(t,0,\ldots,0).\]
   C'est une variable aléatoire qui dépend de l'histoire environnementale.

       Comme l'expliquent par exemple Bacaër et Ait Dads (2012), w peut être calculé
   en utilisant les courbes caractéristiques de (7). Avec \(\,\tau\geq 0\,\),
   \(Y^{(\tau)}\) est la solution unique du système \begin{equation}\tag{8}
   \frac{dY_j^{(\tau)}}{ds}(s) = \sum_i \left [A_{i,j}(-s)\, \left
   (1-Y^{(\tau)}_j(s)\right ) - B_{i,j}(-s) \right ] Y^{(\tau)}_i(s) \end{equation}
   avec la condition initiale \[Y_j^{(\tau)}(-\tau)=1\quad \forall \, j.\] On a
   alors \[\omega= (\omega_1)^{\nu_1} \cdots (\omega_m)^{\nu_m},\quad \quad
   \omega_j=1-\lim_{\tau \to +\infty} Y_j^{(\tau)}(0)\, .\] La question est de
   savoir si \(\omega=1\) ou \(\omega < 1\). Le résultat dépend de la stabilité du
   système suivant d'équations différentielles aléatoires (Arnold, 1998, Sect. 2.2)
   \begin{equation}\tag{9} \frac{dX}{dt}=(A(t)-B(t))X(t). \end{equation} C'est
   l'équation satisfaite par le vecteur des espérances des populations au temps t.
   Cette stabilité dépend du signe du plus grand exposant de Lyapunov de (9)
   \[\lambda_1(A,B);\] En suivant Bacaër et Khaladi (2012), la stabilité peut
   alternativement être formulée en termes de reproductivité \(\,R_0\), qui est
   l'unique solution de \begin{equation} \lambda_1(A/R_0,B)=0. \end{equation}

       Une manière d'étudier la probabilité d'extinction w serait d'adapter la
   méthode utilisée par Bacaër et Ait Dads (2012) pour des environnements
   périodiques au cas des environnements aléatoires. On prendrait avantage du fait
   que le système (8) est coopératif et sous-homogène comme dans les travaux de
   (Chueshov, 2002) ou (Benaïm et Schreiber, 2009). Ceci conduirait à des
   difficultés techniques telles que le lien entre le plus grand exposant de
   Lyapunov de (9) et le plus grand exposant de Lyapunov de la linéarisation près de
   zéro de (8), qui est le système transposé de (9). Voir (Arnold et Wihstutz, 1986)
   ou (Barreira et Valls, 2008). La preuve de la persistance de (8) quand \(\,R_0 >
   1\,\) peut aussi être difficile. Pour éviter ces difficultés, on va utiliser la
   même idée que dans la seconde preuve de la proposition 1. Pour un nombre fini
   d'environnements markoviens, le problème en temps continu peut être ramené à un
   processus de branchement avec plusieurs types, en temps discret, dans un
   environnement aléatoire. Les résultats d'Athreya et Karlin (1971) peuvent alors
   être appliqués.

       Proposition 2. On suppose que la matrice suivante est irréductible pour tout
   k \[C^{(k)}:=A^{(k)}-B^{(k)}.\] On suppose en plus \[ \forall \, k, \exists \,
   (i,j), \quad A^{(k)}_{i,j} > 0.\]
     * On a w=1 presque sûrement si \({R}_0\leq 1\)
     * On a w 1\) .

       Preuve. On prend \(\,t_0=0\). \((t_n)_{n\geq 1}\) avec \(0 < t_1 < t_2 <
   \cdots\,\) sont les temps auxquels l'environnement bascule. \(k_n\,\) est
   l'environnement dans l'intervalle de temps \(]t_n,t_{n+1}[\,\). Dans
   l'environnement k, un individu de type h au départ engendre une population t
   unités de temps plus tard dont la fonction génératrice
   \(\phi^{(k,h)}(t,x_1,\ldots,x_m)\) est solution de \begin{equation}\tag{10}
   \frac{\partial \phi^{(k,h)}}{\partial t}=\sum_{i,j} \bigl [A^{(k)}_{i,j} x_j -
   B^{(k)}_{i,j}](x_i-1) \, \frac{\partial \phi^{(k,h)}}{\partial x_j}, \quad
   \forall t > 0,\ \forall (x_1,\ldots,x_m)\in ]0,1[^m. \end{equation} avec
   \[\phi^{(k,h)}(0,x_1,\ldots,x_m)=x_h.\] On définit \begin{equation}\tag{11}
   M_i^{(k,h)}(t)=\frac{\partial \phi^{(k,h)}}{\partial x_i}(t,1,\ldots,1),\quad
   M^{(k)}(t)=\left (M_i^{(k,h)}(t)\right )_{i,h}. \end{equation} \(M_i^{(k,h)}(t)\)
   est l'espérance de la population de type i. En partant de (10) ou en se référant
   à (Athreya et Ney, 1972), on voit (cf. appendice) que \begin{equation}\tag{12}
   \frac{dM^{(k)}}{dt}(t) = C^{(k)} M^{(k)}(t), \quad \forall t > 0, \end{equation}
   et \(M^{(k)}(0)=I\,\) (la matrice identité). Par conséquent, \begin{equation}
   \mathcal{M}_n:=M^{(k_n)}(t_{n+1}-t_n) = \exp\left [C^{(k_n)}(t_{n+1}-t_{n})\right
   ]\, . \end{equation} Noter avec (9) et (12) que \[\lambda_1(A,B) =\lim_{n\to
   +\infty} \frac{1}{t_n} \log \| \mathcal{M}_{n-1} \mathcal{M}_{n-2}\cdots
   \mathcal{M}_0\| \] presque sûrement. D'après Athreya et Karlin (1971, Théorème
   12), le signe de cette limite décide s'il y a extinction presque sûrement ou pas.
   Mais d'abord il faut vérifier les trois hypothèses de ce théorème.
   L'irréductibilité de \(\,C^{(k_n)}\) implique que tous les coefficients de
   \(\mathcal{M}_n\) sont strictement positifs (Berman et Plemmons, 1994, Théorème
   6.3.12) : la première hypothèse est satisfaite. On définit maintenant
   \begin{equation}\tag{13} S^{(k,h)}_{i,j}(t)=\frac{\partial^2
   \phi^{(k,h)}}{\partial x_i \partial x_j}(t,1,\ldots,1)\ ,\quad S^{(k,h)}(t)=\left
   (S^{(k,h)}_{i,j}(t)\right )_{i,j} . \end{equation} On peut montrer que tous les
   coefficients de la matrice \(S^{(k_n,h)}(t_{n+1}-t_n)\,\) sont aussi strictement
   positifs (cf. appendice): c'est la seconde hypothèse. Enfin on a aussi \[ -
   \sum_k \int_0^\infty \!\! w_{k,t} \log \left [\sum_{h=1}^m \left (
   1-\phi^{(k,h)}(t,0,\ldots,0) \right ) \right ] dt < +\infty\, ,\] avec
   \(w_{k,t}\) donné par (5). En effet, d'une part, \(w_{k,t}\) décroît
   exponentiellement si \(t\to +\infty\). Dautre part,
   \(1-\phi^{(k,h)}(t,0,\ldots,0)\) ne peut s'approcher de 0 plus vite que
   \(e^{-ct}\,\) avec c>0. c est donné par le taux auquel la solution de (8) peut
   s'approcher de 0 dans un environnement k qui est sous-critique. Donc la troisième
   condition est aussi satisfaite.

       Dans le cas \(R_0\leq 1\), on a \(\lambda_1(A,B)\leq 0\). On conclut que w=1
   presque sûrement grâce à
     * (Athreya et Karlin, 1971, Théorème 12(i)) si \(\,\lambda_1(A,B) < 0\)
     * (Kaplan, 1974, Théorème 2) si \(\,\lambda_1(A,B)=0\).

       Dans le cas \(R_0 > 1\), on a \(\lambda_1(A,B) > 0\). On conclut que w 0\)
   et \(q_2 > 0\). La distribution stationnaire est telle que
   \(\,u_1=q_2/(q_1+q_2)\) et \(u_2=q_1/(q_1+q_2)\). On suppose \[A(t)=\left
   (\begin{array}{ccc} 0 & &\beta(t)\\ 0 & & 0 \end{array} \right ),\quad B(t)=\left
   (\begin{array}{cc} \alpha+\mu & 0\\ -\alpha & \gamma+\mu \end{array}\right ), \]
   avec \(\beta(t)=\beta_1 > 0\) ou \(\beta_2 > 0\) selon l'environnement. \(\alpha
   > 0\) est le taux auquel les gens infectés mais pas encore infectieux deviennent
   infectieux, \(\mu > 0\) est la mortalité et \(\gamma > 0\,\) est le taux de
   guérison. La reproductivité est l'unique nombre positif pour lequel le plus grand
   exposant de Lyapunov du système suivant est égal à 0 \[\frac{dX}{dt} =
   (A(t)/R_0-B(t))X(t).\] Noter que si \(\beta(t)\) était constant et égal à sa
   moyenne temporelle \(u_1\beta_1+u_2\beta_2\), on aurait
   \(R_0=(u_1\beta_1+u_2\beta_2)\alpha/((\alpha+\mu)(\gamma+\mu))\). Des formules
   analytiques approchées pour \(\,R_0\) dans un environnement aléatoire peuvent
   être déduites des formules de (Arnold et Kloeden, 1989) pour le plus grand
   exposant de Lyapunov des systèmes bidimensionnels.

       La probabilité pour que le processus soit éteint au temps t>0, en partant de
   \((E_0,I_0)\) personnes au temps 0, est \[(1-Y_1^{(\tau)}(0))^{E_0}
   (1-Y_2^{(\tau)}(0))^{I_0},\] avec pour \(-\tau < s < 0\) \begin{align}
   \frac{dY_1^{(\tau)}}{ds}(s) &= -(\alpha+\mu) Y_1^{(\tau)}(s) + \alpha\,
   Y_2^{(\tau)}(s),\tag{14}\\ \frac{dY_2^{(\tau)}}{ds}(s) &= \beta(-s)\,
   Y_1^{(\tau)}(s)\, (1-Y_2^{(\tau)}(s)) -(\gamma+\mu) Y_2^{(\tau)}(s),\tag{15}
   \end{align} tandis que \(Y_1^{(\tau)}(-\tau)=1\) et \(Y_2^{(\tau)}(-\tau)=1\). Il
   y a des erreurs de signes dans les équations correspondantes données par Bacaër
   et Ait Dads (2012) ; les figures 3 et 4 dans cette référence sont néanmoins
   correctes. \(\omega_1\) et \(\omega_2\) sont les probabilités d'extinction
   ultimes, en partant soit d'une personne infectée mais non infectieuse, soit d'une
   personne infectieuse: \[\omega_j=\lim_{\tau\to +\infty} 1-Y_j^{(\tau)}(0),\quad
   j=1,2.\] La proposition 2 montre \(\omega_1=\omega_2=1\) presque sûrement si
   \(R_0\leq 1\) et que \(\omega_1 < 1\) et \(\omega_2 < 1\) presque sûrement si
   \(R_0 > 1\).

       Dans le cas \(\beta_2 \leq \beta_1\,\), un théorème de comparaison pour le
   système (14)-(15) montre que \(\omega_1\) et \(\omega_2\) sont supérieures aux
   probabilités correspondantes pour le processus de naissance et de mort où
   l'environnement est toujours 1. Si ce dernier processus est surcritique alors ces
   probabilités \(\xi_1\) et \(\xi_2\) se calculent facilement :
     * soit on détermine l'état stationnaire de (14)-(15) avec \(\beta(-s)\)
       remplacé par \(\beta_1\),
     * soit on considère le processus de Bienaymé-Galton-Watson induit, avec
       plusieurs types :
       \[\xi_1=\frac{\mu}{\alpha+\mu}+\frac{\gamma+\mu}{\beta_1},\quad
       \xi_2=\frac{\alpha+\mu}{\alpha}\, \frac{\gamma+\mu}{\beta_1}.\]

       Prenons \(q_1=q_2=1\), \(\beta_1=2\), \(\beta_2=1\), \(\alpha=1\), \(\mu=
   \mbox{0,01}\) et \(\gamma=1\). On obtient \(\,R_0\simeq \mbox{1,45} > 1\). Noter
   que pour le système moyenné en temps, on a \(\,R_0\simeq \mbox{1,47}\). De plus,
   on obtient \(\xi_1\simeq \xi_2\simeq \mbox{0,51}\). La figure 2 montre
   l'histogramme pour la probabilité d'extinction partant d'une personne infectée
   mais non infectieuse dans l'environnement 1. Il a été obtenu avec 1000
   simulations de l'histoire environnementale. La moyenne est proche de 0,69 (elle
   serait 0,66 partant de l'environnement 2). On a pris t=100 et un pas de temps de
   0,001. La figure confirme que \(\omega_1 < 1\) (et \(\omega_2 < 1\)) presque
   sûrement si \(R_0 > 1\).
   [2014JMB2Figure2.png] Figure 2. Histogramme de la probabilité d'extinction
   \(\omega_1\) partant d'une personne infectée mais non infectieuse dans
   l'environnement 1.

4.   Conclusion

       Certaines questions restent ouvertes. On peut se demander, comme Britton et
   Lindholm (2009), ce qui arrive si la survie n'est pas distribuée
   exponentiellement, c'est-à-dire pour des processus de Crump-Mode-Jagers tels que
   dans le travail de (Ball et Donnelly, 1995). Il est aussi clair que la plupart de
   résultats restent vrais pas seulement pour un nombre fini d'environnements
   markoviens mais aussi pour des environnements ergodiques plus généraux.

       Pour les applications biologiques, il serait plus réaliste de supposer que la
   matrice de transition est de la forme \[Q(t)=\left (\begin{array}{cc} -q_1(t) &
   q_2(t)\\ q_1(t) & -q_2(t) \end{array}\right ),\] où par exemple
   \(q_1(t)=k_1(1+\varepsilon_1 \cos \omega t)\), \(q_2(t)=k_2(1+\varepsilon_2 \sin
   \omega t)\), \(k_1 > 0\), \(k_2 > 0\), \(\varepsilon_1\in (0,1)\) et
   \(\varepsilon_2 \in (0,1)\). De cette manière, l'année est plus ou moins divisée
   en deux saisons (disons l'été et l'hiver), l'une qui serait favorable à la
   croissance et l'autre moins favorable. Cela pourrait être le cas pour les
   maladies infectieuses où le taux effectif de contact dépend de la température.
   Une matrice périodique \(\,Q(t)\) comme ci-dessus est un modèle de saisonnalité
   plus réaliste qu'une matrice Q constante. Dans ce dernier cas avec seulement deux
   environnements, les deux saisons alternent mais les longueurs des saisons sont
   indépendantes. Pour être réaliste il faut qu'un été particulièrement court soit
   suivi d'un hiver particulièrement long pour garder plus ou moins la périodicité
   annuelle.

Complément

       En prenant la dérivée de (10) par rapport à \(x_I\), on obtient \begin{align}
   \frac{\partial^2 \phi^{(k,h)}}{\partial t \, \partial x_I} =& \sum_{i,j} \left [
   A^{(k)}_{i,j} \delta_{j,I} (x_i-1) + \left (A^{(k)}_{i,j} x_j -
   B^{(k)}_{i,j}\right ) \delta_{i,I} \right ] \frac{\partial \phi^{(k,h)}}{\partial
   x_j} \nonumber\\ &+ \sum_{i,j} \left (A^{(k_n)}_{i,j} x_j - B^{(k_n)}_{i,j}\right
   ) (x_i-1) \frac{\partial^2 \phi^{(k,h)}}{\partial x_I \partial x_j}\, .\tag{16}
   \end{align} \(\delta\,\) est le symbole de Kronecker. On prend
   \(\,x_1=\cdots=x_m=1\). On obtient \[\frac{\partial}{\partial t} \left
   [\frac{\partial \phi^{(k,h)}}{\partial x_I}(t,1,\ldots,1)\right ]=\sum_{j} \left
   (A^{(k)}_{I,j} - B^{(k)}_{I,j}\right ) \frac{\partial \phi^{(k,h)}}{\partial
   x_j}(t,1,\ldots,1).\] Ceci est identique à (12). On prend la dérivée par rapport
   à \(\,x_J\,\) de (16). On prend une nouvelle fois \(\,x_1=\cdots=x_m=1\). On
   obtient \begin{align} \frac{\partial}{\partial t}\left [\frac{\partial^2
   \phi^{(k,h)}}{\partial x_I \partial x_J} (t,1,\ldots,1)\right ] = & A^{(k)}_{J,I}
   \frac{\partial \phi^{(k,h)}}{\partial x_I}(t,1,\ldots,1) \nonumber\\ &+
   A^{(k)}_{I,J} \frac{\partial \phi^{(k,h)}}{\partial x_J}(t,1,\ldots,1)
   \nonumber\\ &+ \sum_{j} \left (A^{(k)}_{I,j} - B^{(k)}_{I,j}\right )
   \frac{\partial^2 \phi^{(k,h)}}{\partial x_j \partial
   x_J}(t,1,\ldots,1)\nonumber\\ &+ \sum_{j} \left (A^{(k)}_{J,j} -
   B^{(k)}_{J,j}\right ) \frac{\partial^2 \phi^{(k,h)}}{\partial x_I \partial
   x_j}(t,1,\ldots,1)\, . \tag{17} \end{align} Un calcul semblable se trouve par
   exemple dans le § V.7.3 du livre d'Athreya et Ney (1972). Rappelons les notations
   (11) et (13) pour les dérivées premières et secondes. On définit
   \[G_{i,j}^{(k,h)}(t)=A_{i,j}^{(k)} M^{(k,h)}_j(t)+A_{j,i}^{(k)} M^{(k,h)}_i(t)\ ,
   \quad G^{(k,h)}(t)=\left (G_{i,j}^{(k,h)}(t)\right )_{i,j} .\] Alors (17) est
   identique à \[\frac{dS^{(k,h)}_{I,J}}{dt}(t) = \sum_j \left [C_{I,j}^{(k)}
   S^{(k,h)}_{j,J}(t) + C_{J,j}^{(k)} S^{(k,h)}_{j,I}(t)\right ] +
   G_{I,J}^{(k,h)}(t),\quad t > 0.\] On utilise la symétrie de la matrice
   \(\,S^{(k,h)}(t)\,\). Cette équation devient \[\frac{d S^{(k,h)}}{dt}(t) =
   C^{(k)} S^{(k,h)}(t) + S^{(k,h)}(t) \left (C^{(k)}\right )^* + G^{(k,h)}(t)\, .\]
   \(^*\,\) désigne la matrice transposée. Mais
   \(\,\phi^{(k,h)}(0,x_1,\ldots,x_m)=x_h.\) On a donc \(S^{(k,h)}(0)=0\). Comme
   dans le livre d'Athreya et Ney (1972, formule (15), p. 203), on obtient
   \begin{equation}\tag{18} S^{(k,h)}(t)= \int_{0}^{t} e^{(t-u)C^{(k)}} G^{(k,h)}(u)
   \left (e^{(t-u)C^{(k)}} \right )^* du, \quad \forall \, t\geq 0. \end{equation}
   On remarque
     * \(M^{(k,h)}_i(t) > 0\,\) pour tout i et tout t>0,
     * par hypothèse, il existe \((i,j)\) avec \(A^{(k)}_{i,j} > 0\).

   La matrice à coefficients positifs ou nuls \(G^{(k,h)}(t)\,\) a donc au moins un
   coefficient strictement positif pour tout t>0. Tous les coefficients de la
   matrice \(\,e^{(t-u)C^{(k)}}\) et de sa transposée sont strictement positifs si
   \(\,u < t\). Tous les coefficients de la matrice sous l'integrale de (18) sont
   donc strictement positifs pour \(u < t\). Tous les coefficients de la matrice
   \(\,S^{(k,h)}(t)\) sont donc aussi strictement positifs pour \(t > 0\).

    Remerciements

       On remercie le professeur Khaladi pour ses encouragements. On remercie aussi
   les professeurs Ball et Bansaye et particulièrement le professeur Jagers pour
   leurs commentaires sur certaines parties de ce travail.

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